Jeux de Baby-Plage interdits: «Une idiotie!»

Manuel Tornare, qui a soutenu cette initiative citoyenne pendant des années, regrette sa fin

«Cet esprit sécuritaire est idiot!» fulmine Manuel Tornare. Le démontage de l’aire de jeux de BabyPlage, pour non-conformité aux normes européennes ( nos éditions d’hier), fait bondir l’ex-conseiller administratif de la Ville de Genève, fervent défenseur de cette expérience citoyenne depuis ses débuts en 2000.

«Si l’on voulait être scrupuleux, il faudrait aussi fermer le Grand Théâtre, la Comédie, la cathédrale!» remarque Manuel Tornare. Et de relever le faible risque d’accident à Baby-Plage: «Les enfants tomberaient sur l’asphalte je comprendrais, mais là, il y a du sable. » Les i nstallations sont d’ailleurs vérifiées presque chaque jour, selon son concepteur, Jean Georges Ernst, un habitant des Eaux- Vi v e s , qui pr é c i s e n’avoir pas eu connaissance d’accident grave à cet endroit. L’association Cheetah Baby-Plage prend acte de la décision du Canton, qui a pris récemment position à la demande de la Ville, et démontera ce samedi, avec tristesse, les lianes et les pneus accrochés aux platanes.

Manuel Tornare regrette la fin de cette activité, et pas seulement pour des raisons pédagogiques. Avant l’an 2000, le secteur de Baby-Plage était peu engageant, mal fréquenté, se souviennent des habitants des Eaux- Vives. « Nous avons travaillé avec les associations, Christian Ferrazino a posé l’éclairage public dans ce secteur. Nous avons calmé le jeu», affirme Manuel Tornare. En supprimant l’aire de jeu, la population pourrait désinvestir l’espace. «On risque de revenir à la situation antérieure.»

Qu’en pense Esther Alder, qui a succédé à Manuel Tornare à la Cohésion sociale? «Bien que nous soutenions Cheetah Baby-Plage à travers une subvention, il faut rappeler que le terrain appartient à l’Etat. L’autorisation liée à la sécurité des places de jeux dépend du Canton», remarque la magistrate. Mais pourquoi la tolérance politique prend-elle fin maintenant, après treize ans d’existence de cet espace alternatif? «L’association elle-même nous a interpellés sur sa responsabilité en cas d’accident. Et en tant que collectivité publique, nous devons respecter les normes voulues par le législateur. C’est vrai que les autorités ne veulent plus prendre de risques. Car, quand un enfant se blesse sur un jeu, une fois sur deux les familles se retournent contre les responsables des installations», souligne-t-elle. La société a changé. «Nous sommes soumis à des contraintes plus fortes qu’il y a quelques années.»

Il est encore trop tôt pour dire si un autre projet prendra racine à Baby-Plage.

Sophie Roselli

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